Jacquie Barral
Parcours
Mon travail se centre autour du dessin.
Comme en périphérie, interviennent
d’autres techniques : collage, gravure, sculpture, photographie, numérique…
Je réalise aussi des livres d’artistes
chez des éditeurs ou en tant qu’auteur.
J’aime travailler avec des écrivains,
mettre en écho textuel et visuel.
Mon expression artistique alterne entre une représentation reconnaissable et une apparente abstraction. C’est le geste, le support, l’activité artistique elle-même qui peut me pousser dans une voie représentative ou pas, ou alors des moteurs de création bien plus profonds, inconscients et que j’ignore moi-même. C’est ainsi que je peux passer d’un dessin quasi encyclopédique à un collage totalement abstrait.
Photographie de Sylvain Bravo.
J’aime aussi ouvrir le dessin et la peinture à la troisième dimension par le jeu du pliage et du découpage. Mes ateliers s’improvisent dans des paysages aimés ou des lieux récurrents : Océan, Méditerranée, Larzac… Ces paysages influent tôt ou tard sur mon travail. J’ai besoin d’y vivre pour créer.
J’écris sur l’art : des essais, des articles dans des revues, des textes de présentation pour des artistes ou des galeries. Enseignant-chercheur habilitée à diriger des recherches, j’ai dirigé des travaux d’étudiants en masters et thèses et j’ai aimé enseigner. J'ai fondé le département d’arts plastiques de l’université de Saint-Étienne en 1984 ainsi que le master 2 professionnel édition d’art-livre d’artiste en 2007. J’ai aussi créé une collection d’ouvrages de recherche aux Presses universitaires stéphanoises (PUSE) : « Parler avec le livre ».
Jacquie Barral
Paysages en fêlure ou Paysages en fleurs
Entretien Jacquie Barral / Christel Valentin à propos des « Rabattements ».
Extrait / Revue « éCRItique », Paris, 2014.
Ecritique - Votre travail récent se fonde sur la mémoire des paysages de votre enfance. Dans la région de Montpellier, vous avez vu disparaître petit à petit ces mas aux cyprès typiques au profit d’une urbanisation galopante. Vos « paysages en fêlures » semblent ré-architecturer sans cesse cette mémoire collective qui se délite. Quel a été le cheminement de ce processus créatif ?
Jacquie Barral - Il est très intuitif, je m’en suis rendu compte totalement après coup. Je suis revenue aussi dans la région de mon enfance où j’ai maintenant mon atelier. Les réminiscences affleurent d’autant plus. Ma grand-mère avait un petit mas avec vignes et oliviers, à Montpellier on appelait cela une « campagnette » : ce monde se définissait par un espace clos et organisé autour d’éléments essentiels comme le puits (pas d’eau courante, ni électricité, ni confort, bien sûr), la maison, la cave, le figuier, la cour, la basse-cour etc. Et tout ce monde vous attendait derrière un portail vert entre deux piliers et les deux cyprès de l’entrée. Je me concentre sur ces deux cyprès de la Villa Hélène, avant de faire mes premiers traits. C’est une forme d’appel, de rituel, pour me donner force à peindre.